-Caroline Boileau et Stéphane Gilot, co-commissaires
Voici le récit de mon séjour de deux mois dans L'Écrin vu par Clothilde, la marionnette que j'ai créée pour performer à ma place dans cet espace vitrine qui est devenu comme une mise en abîme de mon processus de création.
Mon premier jour dans L'Écrin,
Julie m'a montré comment boucher les trous et repeindre les murs,
elle a beaucoup d'expérience.
Beige la neige sale
Aux teintes interminables
Le temps fige l'espoir
D'une vie sans filtre crémeux
Julie ose dire que je ne sais rien faire toute seule,
qu'il faut tout faire pour moi.
Elle oublie qu'avoir l'air en vie me prend tout mon temps...
Mama, wouhouhou. Didn't mean to make you cry. I sometimes wish I'd never be born at all. Carry on, carry on. (D'après une chanson de Queen)
Cette nuit j'ai fait un cauchemar.
J'ai rêvé que je ne terminais jamais de repeindre L'Écrin
et je ne savais plus qui j'étais.
La tempête s'est finalement calmée.
Je me suis réveillée avec des bottes aux pieds.
J'ai senti que quelque chose avait changé.
Il y avait une légèreté dans l'air.
J'ai eu le droit de faire voler mon cerf-volant.
Je suis restée là plusieurs jours. J'ai cru que Julie ne reviendrait pas.
Quand elle est réapparue elle avait vieilli d'un an.
Ses cheveux étaient plus courts. Les miens aussi.
L'autre est infiniment autre. -Emmanuel Lévinas
Quand nous nous reposons nous travaillons. Si nous voulons quelque chose, il nous faut l'inventer.
Nous sommes ce que nous souillons.
Adieu L'Écrin!
Je te dois la vie mais à présent je quitte ton confort de verre,
je m'en vais par-delà le ciel bleu
et les étendues turquoises de ton paradis artificiel.
Tâches inachevées par
Clothilde et Julie-Isabelle Laurin
L'imprimerie Mars 2019